Du neuf, du vieux, du bon et du moins bon…

  Pour changer, je vais faire un récapitulatif des films vus en Blu-ray/DVD ces dernières semaines. Dans le lot, 2 films ont 15-20 ans (et ce sont les meilleurs!), vous les avez donc certainement vu plus d’une fois. Mais je ne peux m’empêcher d’en parler tellement ils m’ont marqué.

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  Commençons par le plus grand, le chef d’œuvre de Brian de Palma, le meilleur rôle d’Al Pacino, le film qui a (re)défini un genre : Carlito’s Way –L’impasse- (3,5*)

L’histoire : un ancien trafiquant (Carlito-Pacino) sort de prison grâce à son avocat (le méconnaissable Sean Penn) et décide de se ranger. Son entourage, et la rue,  en auront décidé autrement.

“Houlà” diront certains, on a vu bien plus original et palpitant comme histoire. Certes, certes…mais ce n’est que le pitch, et il est extrêmement réducteur. Le film est un véritable drame humain, filmé comme un ballet, dans un univers de polar/thriller. La force de De Palma est la maestria avec laquelle il met en scène, avec laquelle il se fond dans cet univers hispano-américain (et oui, jusqu’à présent la drogue était assimilée à la mafia Italo-américaine dans les films). Ses plans, son sens du cadrage, forcent le respect : ça virevolte dans l’action, les plans-séquences troquent leur habituelle “fainéantise” contre un rythme soutenu et à tout épreuve. C’est bien simple, de mémoire de cinéphile, jamais n’avait-on (et n’a-t-on…) vu un tel climax cinématographique à la fin! La course-poursuite dans les rues et métro restera dans les annales comme un véritable tour de force. Et ce Pacino…que ce soit en plan large ou serré, on sent la puissance, la grandeur, l’énergie contenue prête à exploser (rahhh, cette scène de billard stressante dont la mise en scène n’est pas sans rappeler le cinéma d’Hitchcock, en mieux, désolé Sourire )

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Pacino au sommet de son art, c’est quelque chose à voir. Et cette tragique histoire d’amour. Oui, le film mélange les genres pour mieux les exploiter. Rappelons quand même qu’il commence par la fin :Carlito agonise sur un brancard, sa vie défile devant ses yeux et les notre dans un immense flash-back de 2h30. Il fallait oser! On sait ou tout cela va mener et l’on ne peut qu’assister, impuissants, au triste et pourtant évident dénouement.

Bref, vous l’aurez comprit, si vous souhaitez prendre une leçon de cinéma, c’est le film à voir. Si vous souhaitez prendre une claque en regardant ce qu’est un acteur charismatique, c’est le film à voir. Si vous souhaitez vous accrocher au canapé parce que la musique vous crispe dans les scènes “tendues”, idem! J’ajouterai une mention spéciale à Sean Penn en salop d’avocat indiscutablement crédible et agaçant. Et vous savez, certains films marquent par une petite scène, un plan ou juste un regard d’acteur. Ici, c’est une scène de 2 minute qui s’était gravée dans ma mémoire en 94 quand je l’avais vu pour la première fois : celle de l’hôpital et le moment ou Pacino jette les (…) dans une poubelle, la caméra filme en contre-plongée, et il dit “Adios, counselor” 

 

Bon, on va un pu accélérer pour la suite.

Cyrano-de-Bergerac

 Cyrano de Bergerac (3,5*) : un classique et le meilleur film de Depardieu, taillé sur mesure finalement. les dialogues sont évidemment le point fort du film. C’en est un véritable régal. La mise en scène, quoique théâtrale, passe parfaitement au cinéma grâce à un Depardieu habité par le rôle. Ce mélange de brutalité, d’humour et d’élégance lui va à merveille. Et n’oublions pas que c’est un film d’aventure comme on en fait plus : un film de cape et d’épée, français qui plus est! Une pièce maitresse du cinéma hexagonal signée Rappeneau.

Harry-Brown

Harry Brown (2*) : il est de ces films passés inaperçus au cinéma et pourtant…distribué dans plus de salles, avec un meilleur marketing, ce film aurait pu pas mal marcher. L’affiche et le titre font immanquablement penser à l’inspecteur Harry à raison. Mais un inspecteur à la retraite interprété par le très grand Michael Caine. La mise en scène est certes minimaliste (quoique les premières scènes survoltées donnent le tournis) mais le propos est à l’opposé! Je ne suis pas là pour débattre du fait qu’il soit ou pas défendable (se faire justice est loin d’être intelligent mais notre indignation nous pousse à approuver…), mais pour vous dire que ce film fait réagir (et rugir!). Allez vous rattraper avec le vidéo club du coin ou en VOD.

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 Appaloosa (2,5*) : Je regrette de l’avoir raté au ciné, mais la technologie Blu-ray associée à un super vidéoprojecteur rattrape et dépasse même Sourire

Et le cadre s’y prête parfaitement : le western. On n’en fait plus, mais Ed Harris (réalisateur + acteur) palie au manque et pond un bijou! Oui, je n’y ai mis que 2,5 car il se frotte à “Il était une fois dans l’Ouest” et “ Le bon, la brute, le truand”!

Interprétation toute en retenue pour les 2 têtes d’affiche (Harris & Mortensen), paradoxe vis à vis de l’univers décrit. La force du film est là. L’histoire d’amour qui s’insère me semble anecdotique…et pourtant elle est essentielle pour cerner le caractère du personnage interprété par Ed Harris. En fait c’est le fait de voir Renée Zelweger qui m’a gonflé! On est pas là pour voir de beaux paysages désertiques mais pour sentir les tensions et la force qu’il fallait à cette époque, et dans ce lieu, pour se faire respecter et survivre. Et surtout, c’est une histoire de confiance (dure à acquérir en ces temps) et d’amitié. C’est ça finalement, l’amitié…plus forte que tout?

On change de registre avec “I love you Phillip Morris” (2*)

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Une comédie bien fraiche inspirée d’une histoire vraie et interprétée par le ténor du genre : Jim Carrey. Pour lui donner la réplique, aussi étonnant que ça puisse paraitre de prime abord, le nuancé Ewan McGregor. Un film sur un escroc gay, il n’en fallait pas plus pour me détourner. Et pourtant, dia que c’est drôle! Et original pour le coup! Jim Carrey réalise encore une performance d’acteur. Comme la plupart de ses pairs, il se bonifie en vieillissant Clignement d'œil

 

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Passons vite sur le bien foireux “Taking Chance” (0,5*) même si Kevin Bacon tire son épingle du jeu, le film ressemble à de la bouillie : passage obligatoire à 15h à la télé un dimanche après-midi pour faire chialer les vieux. Et ça dégouline de patriotisme comme du mascara sur le visage d’une femme sous une pluie torrentielle…

Voilà un film dérangeant : Bronson (2*). Encore une histoire vraie sur le plus grand criminel du Royaume Uni, toujours en prison, en très haute sécurité. Préparez-vous à entrer de plein pied dans la folie. bronsonLe film est construit comme si nous étions dans la tête du personnage, comme si nous partagions ses fantasmes. C’est assez étrange, et difficile à décrire. En le visionnant, j’ai immédiatement pensé à Orange Mécanique! Et je ne saurais pas vous dire pourquoi, si ce n’est cette espèce de folie…Tom Hardi (Inception) y est méconnaissable et incarne à la perfection cette brute. Cet homme qui ne vit que pour se battre, qui ne vit que parce qu’il se bat. Contre ses semblables ou contre l’institution. Ce n’est plus “Je pense donc je suis”, mais “Je tape et j’en prends plein la gueule donc je suis!”. L’atmosphère est assez oppressante avec ces tons rouges, ces images quelques fois granuleuses et tout ce sang! Ces combats clandestins, cette folie palpable. Et l’éventail de portraits tous plus malades les uns que les autres fini de nous enterrer.

La musique, très années 80 et assez décalée n’est pas en reste pour nous immerger dans ce monde parallèle et pourtant tout à fait réel. Une curiosité à voir.

Un documentaire édifiant pour clôturer ce billet : Tyson (3*)

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Que vous aimiez ou non la boxe, il faut le voir. Tyson tel que vous ne l’avez jamais vu et tel que vous ne pouvez l’imaginer. J’avoue m’intéresser à ce sport depuis la découverte du manga Ippo, et sans ça, je n’aurai certainement pas porté mon attention sur Tyson. Ouf, et merci Pierre! Car ce docu vaut le détour aussi bien pour les extraits des incroyables combats de ce monstre que pour le regard que ce dernier, devant la caméra de Toback, porte sur sa carrière et sa vie, sur ses erreurs de jeunesse et son égo surdimensionné. Et l’on est troublés par ce mélange de tendresse et de tristesse qui s’en dégage. Et presque…le film ne serait à voir que pour le moment ou, en voix off, lors d’une arrivée sur le ring dans sa jeunesse, il énonce : “While I’m in  the dressing room 5 mn before I come out, I’m breaking my gloves down, I’mpushing the leather to the back of my gloves, so my knuckle could pierce through. When I come out I have supreme confidence. I’m scare to death. I’m afraid. I’m afraid of everything. I’m afraid of losing. I’m afraid of being humiliated. But I’m confident. The closer I get to the ring the more confident I get.”