Une dernière lecture d’été

Ouaip, vu les températures, l’été indien est bien là, et foutrement meilleur que l’été “tout-court”. Pour ceux qui partent, ou sont en vacances, je ne saurais que trop conseiller :

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Le Chevalier Errant, suivi de L’épée Lige (3*) : Belle découverte que ce prélude à Le Trône De Fer en format poche regroupant 2 nouvelles sur Dunk, un chevalier errant, et l’œuf. L’histoire prend place une centaine d’années avant celle que nous connaissons dans Le Trône De Fer et George R.R. Martin, en seulement 250 pages, nous fait comprendre pourquoi la guerre est vouée à éclater dans le siècle à venir. Ceci dit, j’avoue qu’il faut un peu lire entre les lignes puisque ce n’est pas le propos principal des nouvelles, et qu’il faut au moins avoir lu les 2 premières intégrales de LTDF pour se projeter.

La force du récit tourne autour de 2 axes :

  • les choix des personnages principaux, bons (me semble-t-il) et leurs conséquences, pour certaines désastreuses dans le temps. En celà, George R.R. Martin reste aussi cruel dans ses récits : l’empathie qu’il nous fait éprouver pour le “héro” ne fait qu’accentuer le désespoir que l’on peut ressentir face à la machine implacable du pouvoir et du temps;
  • la plume de l’auteur, bien plus limpide (envolée je dirai même), qui se prête au jeu de la description comme peut le faire par exemple une Ursula Le Guin dans Terremer. Et pour le coup, on aurait aimé que ces nouvelles fassent le double Triste

Une troisième nouvelle à peine plus longue est sortie avant l’été. J’attends le format poche…autant dire que je la découvrirai après avoir lu la 4ème intégrale (tomes 10-11-12). Et c’est loin d’être fini, puisque GRRM a prévu un cycle de 6 à 12 nouvelles au total retraçant toute l’histoire de Dunk et de l’œuf. 

4ème de couverture :

Qu’il joute ou qu’il guerroie, le chevalier errant n’a d’autres attaches que celles de son cœur, d’autre code que celui de l’honneur.
Il loue ses services aux nobles causes et prend la défense des opprimés. Une ligne de conduite qu’a toujours suivie Ser Arlan de Pennytree, et qu’il s’est efforcé d’inculquer à son écuyer, Dunk. Mais la rencontre de ce dernier avec un garçon étrange, qui se fait appeler L’Œuf, changera à jamais son destin. Un an plus tard, Dunk et L’Œuf, désormais son écuyer, s’engagent au service de Ser Eustace Osgris, un petit seigneur acculé à la défaite par la Veuve Rouge.
Leur mission, déjà ardue, va se compliquer du fait des relations qu’entretiennent les deux forces en présence!

Lectures d’été : 5ème et dernière partie

Les 2 livres qui suivent ne m’ont pas emballé. Pas qu’ils soient mauvais, loin de là, mais disons que

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La Fée Carabine a un style trop “barré” pour moi. Beaucoup disent du bien de Daniel Pennac, mais je ne suis pas des leurs, désolé (qui a crié “sacrilège”???) Bref, le monsieur sait indubitablement manier la langue française, mais que ce soit son histoire, ses personnages principaux, ou son style justement : je ne peux pas!

Quatrième de couverture :

« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c’est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? »
Ainsi s’interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d’un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l’innocence même (« l’innocence m’aime ») et pourtant… pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.

Le Jour Des Baleines

Pour ce qui est de Le Jour Des Baleines, son auteur Jean-Georges Marcon n’est pas connu. Du coup, il n’y a pas dû y avoir (trop) de relecture avant impression car le livre est bourré de fautes (et ça c’est dur!). Pas mauvais avec la plume, mais le style est un peu trop scolaire pour moi, c’est à dire qu’il manque de vie, celle propre à son auteur. Dommage car l’histoire pouvait être vraiment intéressante à lire (un Mark Twain en aurait fait un super récit d’aventures!).

Résumé chopé sur le net :

Nous sommes à la fin du XVIe siècle. Du port de Saint Jean de Luz à Capbreton, sur la côte landaise, l’auteur nous entraîne dans une saga ou les courageux chasseurs de baleines et la population des vignerons côtiers luttent pour sauvegarder leur principale source de richesse : le fleuve Adour.

La vengeance, la haine et les intrigues d’une sorcière plongeront toute une famille et un pays entier dans des aventures qui scelleront à jamais leurs destins.

Ce roman est une fiction inspiré d’un fait historique : le détournement de l’Adour à Bayonne en octobre 1578

Lectures d’été : 4ème partie

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Meurtriers Sans Visage (1.5*) : Ayant commencé les aventures du commissaire Kurt Wallander à l’envers avec Les Morts De La Saint-Jean -2*-(cf billet du 11/03/12) et ayant enchaîné au pif avec La Cinquième Femme -2.5*(cf billet du 04/12/13), je me devais de me reprendre sérieusement en commençant par…le commencement!

Meurtriers Sans Visage est la 1ère enquête écrite par Henning Mankell sur le commissaire Wallander, et ça se ressent : le style n’est pas des plus fluide comparé par exemple à La Cinquième Femme, le vocabulaire est assez limité et les répétitions ou tics de langages (d’écriture) sont légion. Difficile cependant de jeter la pierre à l’auteur dans la mesure ou on a affaire à une traduction…

Malgré tout, je vous le conseille. Connaissant l’évolution des romans de Mankell, si son style vous plait un minimum, vous aurez de quoi vous régaler par la suite. Comme je l’ai déjà dit, c’est un subtil mélange de Stieg Larsson pour l’ambiance froide et un rien poisseuse et de Fred Vargas pour une certaine ressemblance entre Adamsberg et Wallander.

Quatrième de couverture :

« À ce polar sur la peur de l’Autre, il fallait un héros exceptionnel. Le policier Kurt Wallander en est un, dans la mesure où il prétend simplement être un homme, rien qu’un homme solitaire et blessé, proche du désespoir ordinaire. Ce roman noir, copieux, haletant, nous poursuit bien après l’arrestation des meurtriers. Car dans les glaces nordiques, c’est non seulement la solution d’une énigme que l’écrivain nous dévoile, mais aussi l’âme d’une nation autrefois douée pour le bonheur et que la joie de vivre a désertée. Le constat est dur à l’image de ce livre magnifique où les neiges éternelles du suspense se teintent d’un sang d’aujourd’hui. » –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Résumé chopé sur le net:

En pleine campagne, près de la petite ville d’Ystad, au sud de la Suède, un fermier découvre le corps sans vie de son voisin, atrocement massacré. La femme du malheureux ne vaut guère mieux : étranglée par un curieux nœud coulant, elle n’aura que le temps de murmurer « étrangers », avant de décéder à son tour à l’hôpital. Qui peut bien avoir commis pareille horreur et dans quel but ? Et pourquoi le ou les assassins ont-ils nourri la jument du vieux couple ? L’inspecteur de police Kurt Wallander se serait bien passé de cette enquête alors qu’il regrette le départ de sa femme, que sa fille refuse de le voir et que son père l’inquiète. Évidemment, les médias n’arrangent pas les choses. Mais faut-il vraiment suivre la piste des étrangers ? De nouvelles révélations faites par le frère de la vieille dame assassinée vont orienter et compliquer la tâche de la petite équipe de Wallander.

Lectures d’été : 3ème partie

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Le Passager (3.5*) : Une année passe et le nouveau Grangé débarque (enfin, il a déjà un an celui-là…). Miserere, son précédent, m’avait laissé mitigé.

Dans ce nouveau pavé de 700p, JCG met les petits plats dans les grands en se renouvelant quelque peu. Fini les intrigues tirées par les cheveux, les fins bâclées, les histoires qui évoluent à travers plusieurs continents, etc. Ici, on reste en France : Paris, Nice, Marseille, Toulouse et j’en passe. Rien que ça, franchement, c’est très agréable (on s’identifie plus facilement et c’est tellement rare de nos jours vu que la plupart des polars sont US ou Suédois et se passent donc dans leurs pays respectifs).

J’en reviens quand même sur mon “tiré par les cheveux”, on se calme : ça reste un polar qui se doit d’accrocher, donc tout en restant crédible (et très bien documenté, l’une des forces de Grangé) la fiction est hors-normes pour justement nous permettre de nous faire rêver (en l’occurrence cauchemarder serait plus propice Tire la langue).

Moins sombre qu’à l’accoutumée, plus dynamique et plus travaillé mais toujours aussi bien écrit et plaisant à lire (vive la langue française), Le Passager est peut-être le 1er roman “tout public” de JCG, et c’est loin d’être péjoratif.

Quatrième de couverture :

Mathias Freire a une maladie étrange. Il fait des « fugues psychiques ». Sous l’effet du stress, il tourne au coin d’une rue et perd la mémoire. Quand il la retrouve, il est un autre. A son insu, il s’est forgé un nouveau moi, un nouveau passé, un nouveau destin…
Quand il saisit sa situation, il est psychiatre à Bordeaux. Pour savoir qui il est vraiment, il n’a qu’une solution : remonter, l’une après l’autre, ses identités précédentes jusqu’à découvrir son moi d’origine. Clochard à Marseille, peintre fou à Nice, faussaire à Paris… Au fil de ses personnages, il va décrypter l’hallucinante vérité.
On plonge en apnée dans ce labyrinthe cauchemardesque où l’auteur continue inlassablement d’ausculter les origines du Mal. Tendue, très documentée, cette traque de l’identité navigue entre psychanalyse et manipulation scientifique à un rythme infernal.
Jamais Grangé n’a été moins sanglant, jamais il n’a été plus angoissant. Probablement son meilleur roman.

Lectures d’été : 2ème partie

Le Requiem Des Abysses

Le Requiem Des Abysses (2.5*) : Mon dernier Maxime Chattam, sorti il y a déjà un bon moment, et que je ne saurai trop vous conseiller, bien qu’il soit un peu traître…je m’explique : ce roman ne peut être correctement appréhendé et apprécié qu’après avoir lu Léviatemps puisqu’il en est sa suite directe. Sauf que Léviatemps était bourré de tics de son auteur et semblait presque sans vie. Même l’écriture en pâtissait. Etrange. Cependant, à la lumière de ce Requiem, on se remémore Léviatemps et l’on se dit “merde, il est quand même fort ce Chattam, il avait bien pensé à tout”. Et heureusement, car Léviatemps laissait sur sa f(a)in…qui n’en était pas une. Pour revoirlire ce que j’en pensais à l’époque : https://mynameisinigomontoya.wordpress.com/2012/12/20/quand-a-veut-pas/

Alors finalement, on retrouve avec joie Guy et Faustine, et la plume de Chattam, tout en lyrisme et métaphores, se veut cette fois bien plus énergique. L’action est trépidante, l’intrigue bien ficelée et l’ensemble plus vaste et intéressant qu’il n’y parait de premier abord.

Quatrième de couverture :  

Pour oublier le criminel qui a terrorisé Paris lors de l’Exposition universelle de 1900 et se remettre de leurs aventures, l’écrivain Guy de Timée et Faustine, la belle catin, se sont réfugiés au château d’Elseneur dans le Vexin. Mais là, dans une ferme isolée, une famille est assassinée selon une mise en scène macabre, alors que l’ombre d’une créature étrange rode dans les champs environnants…
Guy, dans sa soif de comprendre le Mal, de le définir dans ses romans, replonge dans ses vieux démons, endossant à nouveau ce rôle de criminologue, qui le conduit peu à peu, comme un profiler avant la lettre, à dresser le portrait du monstre. Pendant ce temps, à Paris, les momies se réveillent, les médiums périssent étrangement et les rumeurs les plus folles se répandent dans les cercles occultes…

Lectures d’été : 1ère partie

Hou punaise de punaise de punaise (Homer sort de ce corps), je suis à la bourre sur les livres depuis, quoi, un an?

Bref, pour ceux qui arrivent à peine en vacances, ou ceux qui vont bientôt partir et qui ne sauraient pas quoi prendre à lire pour la plage/montagne/campagne ou autres, voici un éventail de différents styles de romans qui peuvent vous intéresser (sur plusieurs billets).

Aujourd’hui, je vais vous parler de :

Game Of Thrones – Le Trône De Fer – (3.5*)

9782756408101_LeTroneDeFerIntegrale1_cv.indd9782756408521_LeTroneDeFerIntegrale2_cv.inddLe Trone de Fer - Intégrale 3  

Après avoir lu les 3 intégrales (on les appelle intégrales car avant que ne sorte la série TV, l’éditeur français redécoupait les originaux en plusieurs livres), autrement dit pour la France après avoir lu les 9 premiers tomes, je peux clairement vous dire que c’est énorme!

Autant la première intégrale était mal écrite, ou peut-être plutôt mal traduite et donc difficile à suivre (en plus avec tous ces personnages, difficile de bien s’y retrouver), autant un effort a été fait sur les suivantes, en particulier la troisième qui se lit “tout seul”.

Ces pavés peuvent rebuter de premier abord (entre 900 et 1200 pages, c’est suivant), mais je ne saurais trop vous conseiller de vous forcer à attaquer et terminer le premier pour enfin vous éclater, et ce, même si comme moi vous avez commencé par regarder la série TV (excellente au demeurant). A partir de la deuxième intégrale, il commence à y avoir de petites différences, qui grandissent avec la troisième (pour le meilleur dans les livres, certaines libertés scénaristiques de la série sont dommageables). Et à ce propos, la troisième intégrale est tellement imposante que la saison 3 TV ne représente que les 2/3 du bouquin! J’ai donc pour une fois lu la saison 4 avant de l’avoir vu (la moitié d’après ce qu’on a pu me dire, et ça continu de plus en plus dans la folie)

Mais je me rends compte que je n’ai pas expliqué de quoi il retournait pour ceux qui ne connaissent pas (ça existe? Clignement d'œil)

La saga de Le Trône De Fer est de la fantasy (heroic fantasy si ça se dit encore?), c’est à dire une histoire “crédible” qui se passerait dans un univers parallèle : proche de la réalité, la période correspond au milieu du moyen âge de notre monde avec l’ajout de magie, de dragons, etc. Mais dans le fond, les croyances (multiples) sont les mêmes, tout comme les luttes pour le pouvoir ainsi que les conquêtes de territoires. Bref, les guerres sont monnaie courantes…

Je pense que George R.R. Martin (le génial auteur,Tolkien des temps modernes Clignement d'œil) a du énormément se documenter sur l’Europe des années 1000 pour créer son royaume de Westeros (les 7 couronnes) et ce qui l’entoure.

On commence par suivre la famille Stark dont le père, Eddard, est lord du Nord et seigneur de Winterfell. Un homme juste qui élève ses 6 enfants (dont un batard) avec sa femme dans leur immense château. Le climat est froid et l’hiver arrive. Oui, c’est important de le noter car les saisons semblent durer des années! (10?) Autant dire qu’il faut se préparer, en particulier en vivant dans le nord. Ils découvrent, dès les premières pages du bouquin, des loups qu’ils vont adopter, un pour chaque enfant (un signe? Clignement d'œil) et c’est à cet instant que l’on comprend être dans de la fantasy : on parle de loups garous (mais pas comme nous les imaginons) et d’arbre-cœur.

Il serait trop long de tout résumer, mais sachez que le royaume des 7 couronnes est rempli de traitres, boursoufflé par les vengeances, gangrené par les secrets, et que les retournements de situation sont non seulement réguliers (et très bien amenés) mais aussi incroyables (on ne compte plus les personnages qui meurent alors que l’on s’y était attaché).

Et j’en viens au tour de force de George R.R. Martin, ce qui déroute de premier abord : sa narration. Chaque chapitre est vu (lu) à travers les yeux d’un personnage important (le chapitre n’est pas numéroté, n’a pas de titre, il porte simplement le nom du protagoniste qui le vit). L’unité de temps n’est donc pas forcément respectée (déroutant mais ça change, donc c’est intéressant)…mais surtout, l’auteur semble rester spectateur! A aucun moment il ne prend parti. Personne n’est tout blanc ou tout noir, chacun défend ses intérêts ou ses principes, et le fait de le vivre en direct, à chaque chapitre, à travers les yeux d’un personnage nous oblige à éprouver de l’empathie pour chacun (même pour les salauds)! Putain, le mec est balèze!!!

Et il n’y a de justice que celle du plus fort ou du plus malin, on ne peut donc pas vraiment parler de “gentils” ou “méchants” Tire la langue.

Et arrivé ou j’en suis, je suis tombé plus d’une fois sur le cul!

Je n’ose imaginer la suite.

Quel bonheur Sourire Sourire Sourire

Le retour du pelleteux de nuages

L'Armée Furieuse

L’ARMEE FURIEUSE (3.5*) :

Adamsberg, Danglard, Retancourt, et j’en passe. Autant de noms qui sonnent doux à mes oreilles. Autant de noms qui m’emportent vers d’autres horizons.

Une évasion, voilà ce qu’est chaque lecture d’un roman de Fred Vargas, particulièrement ceux mettant en scène le pelleteux de nuages* : le commissaire Adamsberg (*Sous Les Vents De Neptune)

Vargas n’est pas Grangé, Chattam ou même un de ces écrivains américains à succès. Elle n’est pas là pour décrire l’horreur, pour faire dans le morbide, le gore (tout ce qui marche bien depuis 10 ans) ou dans le grand (gros) suspense. Vargas fait dans le contemplatif, dans le dialogue soutenu, autrement dit, elle s’oppose (sans le vouloir?) à ce qui fait notre société du XXIème siècle.

Voilà pourquoi je parlais d’EVASION. Car c’est vraiment ce que j’adore chez son personnage principal et récurent : cette sensation de lâcher prise, de ne pas faire parti de la réalité qui l’entoure, sa capacité de distance, son côté contemplatif et nonchalant (elle le dit elle même Sourire).

   Ce que j’aurai besoin d’être finalement, mais que je ne serai jamais!

Le polar est un genre qui fait du bien car il pose un problème et nous fait réfléchir dessus, pour mieux oublier les nôtres. Puis il nous amène vers la solution, ce qui fait du bien Clignement d'œil. Si l’auteur est bon, on perçoit une fraction de seconde avant l’écrit le fond de l’histoire. Et Vargas nous promène avec ses couches d’histoires (3 ici) au milieu desquelles se débattent nos héros aux caractères bien différents, juxtaposant avec soin les multiples points de vue sans jamais porter de jugement. Mais ses personnages sont tellement bien décrits, tellement crédibles, qu’il nous semble les (re)connaître!

Et puis aucun temps mort (enfin, les allergiques à Adamsberg diront que c’est farci de temps morts Tire la langue)

Et de jolis petits rebondissements.

Et je ne peux m’empêcher de vous copier le début du bouquin tellement c’est beau :

Il y avait des petites miettes de pain qui couraient de la cuisine à la chambre, jusque sur les draps propres où reposait la vieille femme, morte et bouche ouverte. Le commissaire Adamsberg les considérait en silence, allant et venant d’un pas lent le long des débris, se demandant quel Petit Poucet, ou quel Ogre en l’occurrence, les avait perdues là. L’appartement était un sombre et petit rez-de-chaussée de trois pièces, dans le 18ème arrondissement de Paris.
Dans la chambre, la vieille femme allongée. Dans la salle à manger, le mari. Il attendait sans impatience et sans émotion, regardant seulement son journal avec envie, plié à la page des mots croisés, qu’il n’osait pas poursuivre tant que les flics étaient sur place. Il avait raconté sa courte histoire : lui et sa femme s’étaient rencontrés dans une compagnie d’assurances, elle était secrétaire et lui comptable, ils s’étaient mariés avec allégresse sans savoir que cela devait durer cinquante-neuf ans. Puis la femme était morte durant la nuit. D’un arrêt cardiaque, avait précisé le commissaire du 18ème arrondissement au téléphone. Cloué au lit, il avait appelé Adamsberg pour le remplacer. Rends-moi ce service, tu en as pour une petite heure, une routine du matin.
Une fois de plus, Adamsberg longea les miettes. L’appartement était impeccablement tenu, les fauteuils couverts d’appuie-tête, les surfaces en plastique astiquées, les vitres sans trace, la vaisselle faite. Il remonta jusqu’à la boîte à pain, qui contenait une demi-baguette et, dans un torchon propre, un gros quignon vidé de sa mie. Il revint près du mari, tira une chaise pour s’approcher de son fauteuil.
– Pas de bonnes nouvelles ce matin, dit le vieux en détachant les yeux de son journal. Avec cette chaleur aussi, ça fait bouillir les caractères. Mais ici, en rez-de-chaussée, on peut garder le frais. C’est pour ça que je laisse les volets fermés. Et il faut boire, c’est ce qu’ils disent.
– Vous ne vous êtes rendu compte de rien ?
– Elle était normale quand je me suis couché. Je la vérifiais toujours, comme elle était cardiaque. C’est ce matin que j’ai vu qu’elle avait passé.
– Il y a des miettes de pain dans son lit.
– Elle aimait ça. Grignoter couchée. Un petit bout de pain ou une biscotte avant de dormir.
– J’aurais plutôt imaginé qu’elle nettoyait toutes les miettes après.
– Pas de doute là-dessus. Elle briquait du soir au matin comme si c’était sa raison de vivre. Au début, c’était pas bien grave. Mais avec les années, c’est devenu une obnubilation. Elle aurait sali pour pouvoir laver. Vous auriez dû voir ça. En même temps, cette pauvre femme, ça l’occupait.
– Mais le pain ? Elle n’a pas nettoyé hier soir ?
– Forcément non, parce que c’est moi qui lui ai apporté. Trop faible pour se lever. Elle m’a bien ordonné d’ôter les miettes, mais à moi, ça m’est drôlement égal. Elle l’aurait fait le lendemain. Elle retournait les draps tous les jours. A quoi ça sert, on ne sait pas.

Voyage intemporel

A travers temps

A TRAVERS TEMPS (3*)

Quatrième de couverture

Août 1964 : le voyageur temporel Ben Collier s’installe à Belltower, au nord-ouest des États-Unis, dans une maison de cèdre qui cache bien des secrets. Avril 1979 : le soldat Billy Gargullo débarque d’une Amérique future à feu et à sang, dont toute la filière agricole est à l’agonie. Après avoir éliminé le gardien de l’avant-poste de Belltower, il disparaît encore plus profondément dans le passé. 1989 : récemment licencié, largué par sa compagne, Tom Winter revient dans sa ville natale, Belltower, où il acquiert une banale maison en cèdre. Un soir, sa petite télé à cent dollars s’allume toute seule et n’affiche plus que le message : «Aidez-moi». Écrit en 1991, mais jusqu’à présent inédit en français, À travers temps est une des plus belles réussites de Robert Charles Wilson, un roman typique de sa veine mélancolique, humaniste et écologique.

Comment parler des livres de Robert Charles Wilson? Comment décrire ce que l’on ressent en découvrant, page après page, les histoires de cet auteur de SF?

“Plénitude”.

Entre-autres.

C’est avec subtilité qu’il fait se côtoyer 2 univers aux antipodes, en général présent et futur.

Dans A Travers Temps, c’est présent, passé ET futur.

3 personnages charismatiques pour lesquels nous ne pouvons que ressentir de l’empathie à la lecture. 3 personnages, pour chacune de ces époques, qui vont être amenés à se croiser grâce à un tunnel temporel reliant plusieurs époques. 3 personnages qui seront pourtant en opposition…

Entre le lent descriptif de cette maison qui semble vivante (les 100 premières pages), l’humanité qui se dégage du récit (des personnages donc) et l’histoire accrocheuse, on s’ennuie pas une seconde. On est même frustrés que le roman ne fasse pas 2 ou 300 pages de plus (un peu moins de 400). Le must : on n’a pas vraiment d’explication, comme à chaque fois, comme dans presque tous les très bons romans de SF Clignement d'œil

Lire du Robert Charles Wilson, c’est comme regarder du Terrence Malick : ça ne s’explique pas, ça se contemple, ça se vit Sourire

A Travers Temps n’échappe pas à cette (belle) règle.  

Anonymus

Livre-Sans-Nom

LE LIVRE SANS NOM (1*) : Voilà un bouquin qui a fait parler de lui pour autre chose que sa qualité, malheureusement (mais ça, je ne le comprit qu’une fois entamé Triste). En effet, les chapitres ont d’abord été publiés au fur et à mesure sur internet sans que l’on sache qui les avait écrit. Le buzz se crée. Le système fonctionne et les chapitres sont assemblés quelques temps après pour donner vie à ce livre qui a pour titre “Le livre sans nom” et qui parle, entre autre d’un livre recherché, écrit à plusieurs mains dans le temps et dont on ne connait pas les auteurs. Mise en abyme?

Beaucoup pensent que Tarantino est derrière tout ça. Possible. Ce qui est certain, c’est que si ce n’est lui (ou son pote Rodriguez, ou les 2?), c’est au moins un fan de leur cinéma tellement la sensation d’être devant un de leurs films se fait sentir.

Bref, ça parle de ténèbres, de vampires, de chasseurs de…, de moines d’Ubal (des karatékas hors pairs) qui recherchent une pierre volée, de Bourbon Kid (un mec qui pète les plombs et tue tout le monde dès qu’il boit un verre de whisky Sourire). Un brin saignant…

L’histoire est abracadabrante et moyennement écrite (traduite), les personnages ne sont pas charismatiques, aucune finesse dans leur présentation, le ou les auteur(s) y va avec des gros sabots et le trait est tellement forcé qu’il va justement à l’encontre de ce qui fait le charisme d’un personnage de littérature. Idem pour les références au cinéma

Quel dommage…

Par contre, en film, ça peut être fendard Clignement d'œil

Du bon roman noir pour passer l’hiver

La cinquieme femme

LA CINQUIEME FEMME (3*) :

Quatrième de couverture

Septembre 1994, l’inspecteur Wallander rentre de vacances et espère un automne calme. Mais il lui faut bientôt éclaircir une série de meurtres à donner froid dans le dos aux policiers les plus endurcis. Un vieil ornithologue a été retrouvé empalé dans un fossé, un autre, passionné d’orchidées, ligoté à un arbre et étranglé, le dernier, chercheur à l’Université, noyé au fond d’un lac. Pourquoi tant de férocité à l’égard de citoyens apparemment paisibles ? Et pourquoi ces mises en scène sadiques ? Parce que – selon la devise de Wallander – les êtres sont rarement ce que l’on croit qu’ils sont. Et si le crime était la vengeance d’une autre victime contre ses bourreaux ? Dans ce cas, l’inspecteur Wallander n’a plus qu’à se hâter pour empêcher un nouveau meurtre tout aussi barbare.

Dès que je découvris le personnage de l’inspecteur Wallander dans Les Morts De La Saint Jean, je sus que j’allais faire un bout de chemin avec lui. Car plus que la qualité de l’histoire (au demeurant très bonne), c’est l’ambiance que crée l’auteur, Henning Mankkel, en situant l’action en Suède. Et son policier fétiche qui semble plus à la poursuite de lui-même que du meurtrier. Dans le fond, il y a de l’Adamsberg dans Wallander, il y a du Vargas chez Mankkel.

Et ça, je suis fan.

Mais là ou Vargas mise tout sur la qualité d’écriture, les sensations palpables à la lecture et son policier insaisissable, Mankkel s’attache plus à peindre le portrait réaliste d’une Suède beaucoup moins sécuritaire qu’on ne nous le laisse entendre. Son modèle social qui s’effrite et sa police qui fait plus souvent du bricolage d’enquêtes faute de moyens!

Enfin, le thème de la vengeance est traité avec une rare intelligence. Jusqu’au bout l’auteur ne prendra pas parti et saura nous laisser libres spectateurs et maîtres de notre propre jugement. Trop rare de nos jours pour ne pas saluer cette sorte d’exploit!